(Last update : Wed, 12 Dec 2007)
[ Internet et PME ]
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CONCLUSION
Internet
lance à nos entreprises un défi majeur: La puissance de la
révolution qu'il porte tient principalement au fait qu'il est l'outil
technique qui correspond aux mutations de nos économies et de nos
sociétés avec:
- La
mondialisation de l'économie
: l'accroissement de
l'intensité de la concurrence, encore fortement accentuée en
Europe par l'adoption de l'Euro, nécessite de comprimer les
coûts et les délais, d'être plus flexible,
plus réactif, de mettre l'entreprise à l'écoute
du client, et conduit à des évolutions structurelles comme
l'aplatissement des hiérarchies, les flux tendus,
l'organisation en réseau, la transparence et
l'accès beaucoup plus large à l'information.
- L'accroissement dans toutes les économies
développées du poids de l'information dans la valeur
ajoutée
Internet qui est un standard mondial de communication, avant d'être un
réseau ou un ensemble de technologies, permet en effet tout à
la fois
- de gagner en productivité dans la gestion interne et dans
les relations interentreprises
- d'ouvrir aux entreprises des marchés nouveaux.
Les technologies Internet concernent toutes les fonctions de
l'entreprise : vendre, se faire connaître, trouver des partenaires,
faire de la veille technologique et de l'intelligence économique, du
marketing, transmettre des documents écrits, sonores, vidéo ou
des programmes d'usinage de pièces techniques, trouver des appels
d'offre et y soumissionner, conduire des projets, faxer,
téléphoner, participer à des bourses, travailler en
réseau, assurer le service après vente, la maintenance ou l'aide
au dépannage, télésurveiller et télé-agir,
acheter au meilleur rapport qualité/prix, recruter du personnel et le
former, utiliser le télétravail, mettre davantage l'entreprise au
service du client....
Elles permettent en outre de faire des économies
considérables tant sur les développements informatiques que
sur les télécommunications.
Internet sera à terme l'outil universel du commerce inter-entreprise.
Très peu d'entreprises rencontrées, grandes ou petites, ont
conscience de l'ensemble de ces possibilités : les anecdotes mises
en exergue par les médias ne projettent bien souvent sous les feux de la
rampe que les sites WEB de vente au grand public, la navigation au hasard des
pages ou les problèmes de paiement en ligne (sans même parler des
sites "plaquette", des pirates ou de la pornographie) qui ne sont que
l'écume du sujet et qui masquent la profondeur des bouleversements en
cours
Sans doute serait-il plus significatif, même si ce n'est qu'un aspect
très partiel des potentialités d'Internet, de mettre en avant
- la réduction de 20 % du coût d'un avion (dont la
conception et la construction concernent un très grand nombre de PME),
par réduction drastique des coûts de traitement de l'information,
- l'économie d'un milliard de dollars attendue de projet
d'extranet de l'industrie automobile américaine (
ANX
)
- la division par 6 du temps nécessaire pour réaliser un
moule pour pièce plastique ou pour adapter une proposition à
l'export pour une usine d'incinération grâce à des liaisons
beaucoup plus efficaces avec le client.
- la capacité de négociation que représente
la communauté des acheteurs de fuel de Genève
Toutes les entreprises, même les plus petites, même celles qui ont
le sentiment de bénéficier d'une protection géographique,
nous paraissent potentiellement concernées.
La nature et les métiers de nombreux intermédiaires vont
être profondément bouleversés entraînant
l'apparition de nouveaux acteurs et la disparition d'anciens qui n'auront pas
su évoluer.
Certes, Internet, outil de démultiplication de la concurrence et de
développement du pouvoir des consommateurs est autant porteur de
menaces redoutables que de potentialités de croissance pour nos
entreprises, mais il doit être bien clair que la passivité
nous priverait des opportunités sans pour autant nous en épargner
les dangers notamment en matière d'emploi.
Internet n'est pas une mode ou un événement dont on peut
décider de se tenir à l'écart: William Daley,
Secrétaire américain au commerce estime fin juillet 1999 qu'un
tiers de la croissance lui est du depuis 1995 et qu'en 2006 il concernera la
moitié des emplois
Une récente enquête de l'Insee, sans se prononcer sur les
relations de cause à effet, montre que les entreprises industrielles de
moins de 20 salariés "branchées" connaissent une croissance
double des autres tant pour le chiffre d'affaire que la valeur ajouté et
l'emploi, elles exportent 60% de plus et assurent des
rémunérations de 15% supérieure
Il est bien évident que l'essentiel du succès dans cette
évolution repose sur les entreprises elles même, sur leur
capacité d'adaptation et d'innovation et sur leur volonté de
gagner dans la compétition internationale
Il n'en reste pas moins que les
Pouvoirs Publics
ont un rôle important
à jouer pour créer un contexte favorable au
développement d'Internet, lever les facteurs de blocage, sensibiliser
aux enjeux et accompagner les efforts de ceux qui tracent le chemin, mais aussi
pour intégrer cette nécessaire évolution dans leur propre
organisation quand ils sont eux même clients, fournisseurs ou partenaires
des entreprises
C'est la raison pour laquelle nous proposons ici une action forte de
l'Etat, mais aussi de tous les acteurs porteurs de l'intérêt
collectif : collectivités locales, CCI, organisations professionnelles,
centres techniques,...
La plupart des pays industrialisés, au premier rang desquels les
Etats-Unis, mènent ainsi des politiques publiques très actives
dans ce domaine.
Les pouvoirs publics doivent tout d'abord créer un environnement
général propre au développement d'Internet dans notre
pays :
- développer des infrastructures prenant en compte la politique
d'aménagement du territoire et le renforcement de la cohésion
européenne : ils ne peuvent désormais plus se défausser de
cette mission sur un opérateur chargé d'une mission
d'intérêt général. Cela implique le
développement de compétences nouvelles au niveau régional
- assurer une concurrence transparente et sans entraves dans les
télécommunications pour permettre à nos entreprises de
bénéficier de services de qualité à un coût
raisonnable, en n' omettant pas le problème particulièrement
important de la boucle locale.
- adopter des normes européennes pour le cryptage, en
finançant si nécessaire, dans le cadre d'une politique de
souveraineté, la mise sur le marché d'algorithmes non
contrôlés par une puissance extérieure à l'Europe (
appel d'offre Oppidum lancé en 98 par le Ministère).
- encourager la migration du minitel vers Internet,
- dématérialiser les procédures administratives,
- rendre accessible sur Internet les informations produites par l'Etat,
- publier sur le WEB les appels d'offre publics et gérer
l'exécution des marchés par échange de données
selon les standards Internet (EDI sur TCP/IP)
- favoriser, en encourageant le capital risque et les Business Angel la
création ou le développement des entreprises de service
capables de créer des emplois nouveaux et d'apporter les outils
matériels ou logiciels nécessaires au succès des projets
des PME
- faire évoluer notre droit pour permettre l'utilisation de ce
nouvel instrument des relations commerciales et participer activement à
l'élaboration du droit international, en poursuivant notamment le
travail entrepris par le Conseil d'Etat.
- introduire Internet à tous les stades de la formation initiale et
continue et amplifier les actions menées dans les écoles
relevant du ministère
- favoriser la mise en place d'équipes de recherche non
seulement sur les plans technologiques mais aussi sociologiques et
économiques pour permettre aux acteurs publics et privés de
prendre la mesure des évolutions et éclairer ainsi leurs
décisions.
1998 et 1999 ont vu, dans le cadre du
PAGSI
, des évolutions
déterminantes dans ces domaines.
Dans le
même temps, il convient de conduire une intense action de terrain en
s'appuyant sur les
DRIRE
:
v
action de sensibilisation auprès de toutes les PME pour leur
faire prendre conscience très concrètement de toutes les
potentialités de ces technologies, tant pour gagner en
compétitivité que pour conquérir de nouveaux
marchés.
- Dans cette logique, toutes les actions déjà lancées
(exportation, intelligence économique, qualité, conseil
stratégique...) devront être enrichies d'un volet Internet
- travailler prioritairement avec les communautés d'entreprises
plus ou moins formelles existantes (grappe de sous-traitants, groupe
d'entreprises géographiquement proches ou appartenant à un
même secteur professionnel, réseau de franchisés...) pour
agir de façon plus rapide et forger les outils adaptés aux PME
tout en contribuant à aguerrir les sociétés de conseil.
- diffuser les technologies Internet auprès du tissu des PME
en mobilisant, au-delà même de la ligne
spécifiquement dédiée à Internet, une large
partie des crédits destinés à leur
développement, notamment au sein des contrats de Plan (Internet
constitue la plupart du temps l'outil qui permet aux actions déjà
engagées d'aller plus loin dans leurs ambitions):
- pour agir vite, de façon mobilisatrice mais efficace et rapide, il
convient chaque fois que cela est possible de ne pas créer de nouvelles
procédures mais d'utiliser celles qui sont déjà
rodées, connues et appréciées par les entreprises et
qui couvrent parfaitement le champ des mesures préconisées :
aides au conseil (
FRAC
,
FRATT
), crédits d'action collective
(
CPI
), aide au recrutement (
ARC
), aide à l'appropriation
de technologies nouvelles (
ATOUT
), aide à la modernisation
(
FDPMI
), crédit d'impôt-recherche (
CIR
), appel
à projet (
AAP
), information à partir d'opérations
exemplaires (Références), assurance prospection, en
adaptant en tant que de besoin certaines de leurs modalités notamment
pour les ouvrir aux entreprises du secteur des services participant à
des communautés exposées à la concurrence internationale.
Ces aides devront être rendues plus accessibles à travers
un "
portail des concours publics
" permettant à une PME de savoir
rapidement sur quoi elle peut compter pour mener son projet
- proposer des formations courtes, destinées aux patrons de PME
ou à leurs proches collaborateurs (1 à 3 jours) pour les mettre
à même de saisir enjeux et opportunités et de leur
permettre de maîtriser le développement des projets.
- Par contre il convient d'utiliser les moyens spécifiques
Internet (50 MF décidés dans le cadre du budget 99) pour
donner l'impulsion à ce programme: sensibilisation, formation,
expérimentation, appels à proposition, action collective (comme
l'opération
UCIP
lancée en 1998 et reconduite en 1999).
- offrir aux entreprises, les services d'une administration
régionale ayant elle-même la maîtrise des technologies
Internet et les utilisant pleinement :il conviendra en particulier que
notre Ministère bascule le plus rapidement possible de la messagerie
cc-mail actuelle vers un véritable Intranet permettant une pleine
ouverture sur l'extérieur
Notre pays et nos PME en particulier ont pris un retard certain sur beaucoup
de nos compétiteurs mondiaux pour exploiter les nouvelles
potentialités d'Internet et y adapter leur stratégie et leur
organisation.
Ce retard, certes déjà pénalisant, ne paraît
toutefois nullement irrémédiable ;
Notre pays n'est en effet pas sans atout : les technologies de
l'information et des télécommunications sont
maîtrisées par nos ingénieurs et tous les domaines
d'application techniques, commerciaux, artistiques ou juridiques attirent les
jeunes. Dans l'opinion publique le développement de l'Internet est
plébiscité en tête des espoirs pour le prochain
millénaire (56% d'opinions favorables) enquête Les Echos nov
1999
Il n'est que de voir le succès des jeunes Français en Californie
pour ne nourrir aucun complexe en ce domaine.
Il convient toutefois maintenant d'agir sans délai : une action
résolue doit être engagée selon les lignes tracées
plus haut avec la préoccupation permanente de rester à
l'écoute des propositions venant du terrain et de se tenir
informés des réalisations dans les autres pays afin de pouvoir
adapter les mutations en fonction d'évolutions qui se produisent
à un rythme sans commune mesure avec celles que nous avons pu
connaître dans le passé avec les mutations technologiques
précédentes
Il devrait ainsi être possible à nos PME de
tirer avantage de la mondialisation des marchés
, dans le contexte d'une compétition
internationale exacerbée au bénéfice de notre
économie et de l'emploi.